Par Middle East Eye
Netanyahu a truffé son discours de menaces : "Si vous, Téhéran, nous frappez, nous vous frapperons. Il n'y a pas de lieu en Iran qu'Israël ne puisse atteindre, comme l'ensemble du Moyen-Orient".
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Des dizaines de diplomates ont quitté la salle vendredi, lors du discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à l'Assemblée générale des Nations unies, en signe de protestation contre la guerre dévastatrice contre Gaza et les dernières attaques israéliennes contre le Liban.
De nombreux diplomates sont sortis précipitamment lorsque M. Netanyahu est entré dans la grande assemblée pour s'exprimer à la tribune. Le diplomate qui présidait l'assemblée a dû crier "Silence, s'il vous plaît" lorsque le dirigeant israélien est monté sur l'estrade.
La guerre contre Gaza, qui dure depuis bientôt un an, a transformé la majeure partie de l'enclave en un enfer inhabitable.
Plus de 42 000 personnes ont été tuées, la quasi-totalité de la population ayant fui son foyer au moins une fois, et les habitants du nord de la bande de Gaza sont au bord de la famine.
Entre-temps, des quartiers et des familles entières ont été rayés de la carte, les maisons, les écoles et les hôpitaux ayant été dévastés par les frappes aériennes et les tirs de chars d'assaut.
Malgré ce bain de sang, Israël a cherché à étendre sa guerre et, la semaine dernière, a bombardé sans relâche le Liban, tuant plus de 700 personnes, dont un grand nombre de femmes et d'enfants.
Visiblement en colère en raison du désaveu massif, M. Netanyahu a justifié sa réponse en faisant référence aux attaques du 7 octobre menées par le Hamas contre le sud d'Israël, et aux récentes attaques d'escalade contre le Liban.
"Israël a tout à fait le droit d'éliminer cette menace et de permettre à ses citoyens de rentrer chez eux en toute sécurité. Et c'est exactement ce que nous faisons", a déclaré M. Netanyahu. "Nous ne nous arrêterons que lorsque les otages auront été ramenés à la maison".
Le discours de Netanyahu a également été truffé d'avertissements sinistres indiquant qu'il pourrait y avoir d'autres carnages à venir.
"J'ai un message pour les tyrans de Téhéran : si vous nous frappez, nous vous frapperons", a-t-il déclaré. "Il n'y a pas de lieu en Iran que le bras long d'Israël ne puisse atteindre, et c'est vrai pour l'ensemble du Moyen-Orient".
Les tensions entre Israël et l'Iran se sont accrues depuis qu'Israël a attaqué le complexe de l'ambassade d'Iran à Damas en début d'année, et assassiné le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran cet été.
Les responsables iraniens ont déclaré que Téhéran se réserve le droit de riposter au moment et à l'endroit de son choix.
Tout au long de la semaine, les dirigeants mondiaux ont appelé à la fin des combats, plusieurs d'entre eux, dont le président américain Joe Biden, réitérant leur appel à un cessez-le-feu.
M. Netanyahu a toutefois semblé jeter un froid sur cette idée, déclarant à l'ONU que son armée poursuivra ses frappes sur le Liban "de toutes ses forces".
"Nous sommes en guerre contre le Hezbollah", a-t-il déclaré. "Tant que le Hezbollah choisira la voie de la guerre, Israël n'aura pas le choix. Et Israël a tout à fait le droit d'éliminer cette menace et de faire rentrer ses citoyens dans leurs foyers en toute sécurité".
Deux heures après le discours de Netanyahu, des avions de combat israéliens ont effectué une série de frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth, une zone densément peuplée familièrement appelée Dahiyeh, dans ce qui pourrait être le bombardement le plus violent sur la capitale libanaise depuis la guerre de 2006.
Des vidéos visionnées par Middle East Eye montrent au moins quatre immeubles résidentiels rasés et des structures voisines gravement touchées.
L'armée israélienne a affirmé avoir visé le quartier général du Hezbollah, qui se serait situé sous des immeubles résidentiels, et les médias israéliens ont affirmé que le chef du groupe, Hassan Nasrallah, était la cible de l'attaque.
L'agence de presse iranienne Tasnim, affiliée aux Gardiens de la révolution, a cité des sources de sécurité affirmant que M. Nasrallah se trouve en "lieu sûr et que ce que colportent les médias hébreux est faux".
MEE n'a pas pu vérifier ces affirmations de manière indépendante.
Les guerres que mène Israël au Moyen-Orient ont été l'un des principaux sujets de conversation depuis que les dirigeants du monde entier sont arrivés à New York.
Jeudi, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a contesté les "mensonges" d'Israël, et a demandé qui est responsable de l'assassinat de 15 000 enfants palestiniens, si ce n'est Israël.
"Arrêtez ce crime. Arrêtez cela immédiatement. Arrêtez de tuer des enfants et des femmes. Arrêtez le génocide. Arrêtez d'envoyer des armes à Israël. Cette folie ne peut plus durer. Le monde entier est responsable de ce qui arrive à notre peuple à Gaza et en Cisjordanie", a-t-il déclaré.
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Traduction : Spirit if Free Speech
La source originale de cet article est Middle East Eye
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